La « cénilité électorale » ou « catastrophe électorale burundaise »

Beaucoup de pays africains confient l’organisation de mascarades électorales à des Commissions Nationales Indépendantes, les fameuses CNI. Si peu indépendantes d’ailleurs des pouvoirs qui gavent leurs membres comme des oies. Les pouvoirs africains comblent ceux-ci de privilèges protocolaires et leur octroient des salaires mirobolants afin de gagner la coupable complicité des CNI asservies.

Sous d’autres cieux, cette pratique illégale porte le nom de corruption aggravée d’agents de l’État. Au sein du régime DD, par contre, corrupteurs et corrompus se répartissent la salle besogne pour fausser le processus électoral, détruire l’espoir d’une alternance démocratique et garder le pouvoir « jusqu’au retour de Jésus sur terre  ». Prédit le régime DD sans rire .

Par pur mimétisme, le Burundi est doté aussi d’une CENI qui comprend des personnalités dont l’indépendance à l’égard du régime DD est absolument inimaginable. Même pas dans le cadre d’un roman fou de science fiction politique ! Car la CENI burundaise constitue un des piliers majeurs du régime DD à l’instar d’autres organisations comme la fameuse « Régie des Os » qui tient lieu de Commission Vérité Réconciliation (CVR) au Burundi.

La démocratie africaine souffre d’une même pandémie dénommée « cénilité électorale » ! Une maladie, aussi contagieuse et dangereuse que le COVID. Mais qu’aucun masque posé sur les urnes ne peut en arrêter la progression ravageuse. Cette cénilité électorale, permet de comprendre l’effondrement de la démocratie burundaise programmé par le régime DD. Elle est à l’œuvre depuis 2010 ! La cénilité électorale est aux institutions de l’État burundais ce que la sénilité mentale est au corps humain. Un signe annonciateur de décadence irréversible !

En fait, le régime DD issu des fraudes électorales consécutives fonctionne exactement comme les coups d’Etat militaires africains à la mode. Pour rappel ! Le César burundais, le Général Neva, n’a pas gagné les élections de 2020. Il a été imposé par une coterie de Généraux et donc par la force des armes.
Pourtant, au Burundi comme dans plusieurs pays africains, les militaires, sauveurs de la nation autoproclamés, sont incapables de redresser les situations politiques chaotiques et les économies chancelantes qu’ils dénoncent.

En effet, très peu de militaires africains, arrivés au pouvoir après des coups d’État fracassants, à l’exception de Jerry Rawlings du Ghana, ont pu rétablir le fonctionnement harmonieux et durable des institutions dans leurs pays respectifs et y impulser une dynamique de stabilité et de prospérité.

Les pathétiques aventures de soudards comme Mobutu au Zaïre, Jean-Bedel Bokassa en Centrafrique, Idi Amin Dada en Ouganda et Samuel Do au Liberia devraient être enseignées dans toutes les facultés de sciences politiques en Afrique comme des échecs absolus et des repoussoirs. Ces quatre échecs retentissants devraient servir aussi comme des vaccins préventifs pour lutter contre la cénilité électorale et les coups d’État institutionnels à la burundaise.

Le cas du Burundi est emblématique et constitue une parfaite illustration de la dérive totalitaire DD orchestrée par une oligarchie militaire, théocratique, prédatrice et incompétente. Cette oligarchie a été portée au pouvoir par les coups d’État constitutionnels successifs facilités par la cénilité électorale décrite plus haut.

Dans un pays atteint de cénilité électorale avancée comme le Burundi, le droit des citoyens à désigner librement ses représentants pour gérer l’État grâce à des élections transparentes, apaisées et inclusives, est piétiné allègrement par les bottes militaires.

Pour réussir ses forfaits, le régime DD utilise aussi l’intimidation et la menace afin de contraindre les électeurs à faire « le bon choix » avant de lâcher le bulletin dans l’urne. En particulier, la pression sur les électeurs ruraux, les plus nombreux et les plus dociles, est exercée au plus près du peuple des collines par les Imbonerakure, la milice ultra violente du CNDD-FDD.

En outre, le principe que la légitimité de tout pouvoir émane du peuple souverain n’existe pas, non plus, dans le logiciel électoral DD. A la place, les Burundais assistent, impuissants, à une dérive dictatoriale du régime.

Tous les pouvoirs sont détenus et concentrés entre les mains du seul César burundais, le Général Neva. Lequel ne partage son pouvoir absolu qu’avec son épouse et avec un groupe très restreint d’obligés serviles qu’il nomme à la tête des institutions et des administrations du pays.

Un exemple éclairant ! En septembre 2023, lors de la dernière Assemblée Générale des Nations Unies à New York, le Général Neva a prononcé son allocution avec assurance. La célèbre tribune dont l’arrière fond est en marbre vert a vu et entendu d’autres discours inspirés ou d’autres harangues enflammées prononcées par les dirigeants de tous les pays du monde.

L’épouse et la fille du Général Neva l’écoutaient religieusement. Elles occupaient des sièges qui auraient dû normalement être réservés à des Ministres, à des Diplomates ou à des Hauts Fonctionnaires constituant la délégation officielle du chef de l’État du Burundi.

Cette usurpation et cette monopolisation du pouvoir par la famille présidentielle n’ont soulevé aucune protestation dans les rangs du régime DD. Au Burundi, les « Désignés par Décrets Présidentiels DD » ne sont ni fous ni suicidaires ! Ils préfèrent protéger leurs positions et leurs privilèges. C’est humain mais c’est lâche !

Après cette digression rafraîchissante concernant la « cénilité électorale » qui paralyse les processus démocratiques dans plusieurs pays africains dont le Burundi, retour au spectacle incroyable organisé à Cankuzo à la fin de l’année 2023.

Parmi les autres Ministres profondément inclinés devant leur maître, le César burundais, à qui ils doivent leurs portefeuilles respectifs, figurait M. Albert Shingiro. Sur la photo montrant les Ministres de dos, il est deuxième dans la troupe dansante à partir de la gauche.

Athanase Karayenga
BiganiroNesLetter
Copyrighted ©️