Mutakura :"Tu en as tué beaucoup, mais ces jumeaux seront une malédiction pour toi ..."

Neuf ans viennent de s’écouler .C’était le 1er juillet 2015. Le Burundi célébrait ses 53 ans d’indépendance. À Mutakura, dans le nord de la ville de Bujumbura, des pleurs résonnaient. Des policiers, non identifiés par leurs uniformes, sont arrivés comme s’ils cherchaient quelqu’un. Ils ont alors pénétré dans la maison de Pantaléon Hakizimana, détruisant tout sur leur passage sans rien y trouver.

À l’extérieur, Pantaléon Hakizimana et ses deux fils jumeaux, Fleury Hakizimana et Franck Hakizimana, étaient agenouillés, les mains en l’air. Pantaléon implorait : "Ne tuez pas mes enfants." Comme pour se moquer de ses supplications, le chef de cette escouade de policiers a tiré une balle dans la tête de Franck et Fleury, puis a abattu leur père Pantaléon. Il a également tué leur domestique, Fidèle Habarugira.

En quittant les lieux, le chef de l’escouade a croisé un homme nommé Gérard Kanderenge, qui passait par là en rentrant chez lui, et l’a également abattu.

"Tu en as tué beaucoup, mais ces jumeux seront une malédiction pour toi ..."

À ce jour, on dit que le chef de cette escouade, celui qui a tué ces innocents, serait le Général Adolphe Nshimirimana. Nous n’avons aucune preuve formelle de cela.

Toutefois, cette information est parvenue à la mère des jumeaux. Elle connaissait personnellement le Général Nshimirimana. J’ai eu l’occasion de discuter avec elle, et elle m’a dit qu’elle avait envoyé un émissaire auprès du Général Nshimirimana. Dans le message qu’elle lui a fait parvenir, il était écrit : "Tu as tué beaucoup de gens, mais c’est la première fois que tu tues des jumeaux, et cela te hantera." Le message a atteint Adolphe Nshimirimana, qui a répondu qu’il n’était pas responsable de la mort de ses enfants.

Un mois seulement après ces événements, le Général Adolphe Nshimirimana a été lui-même assassiné par des individus non identifiés, le 2 août 2015. Lors d’un récent procès à Gitega, le Général Bunyoni a déclaré qu’il avait lui-même fui la nuit où ils étaient venus le perquisitionner pour éviter d’être tué comme le Général Nshimirimana. Cette déclaration a conduit beaucoup à penser que Bunyoni voulait dire que ceux qui avaient tué Adolphe Nshimirimana avaient reçu l’ordre du gouvernement, puisqu’il avait également échappé à une perquisition ordonnée par le gouvernement.

Le sang innocemment versé réclame justice. Quand obtiendrons-nous justice pour ces innocents ?

#FOCODE