Droits de l’homme : Six ans après son attentat, Pierre Claver Mbonimpa pardonne mais, il réclame la justice

Pierre Claver Mbonimpa, le Président de l’Association pour la Protection des Droits Humains et des personnes détenues, APRODH en sigle, a échappé de justesse à un attentat qui allait lui coûter la vie le 03 août 2015. Actuellement en exil, il accuse la justice burundaise de n’avoir rien fait, durant les six ans, pour connaître et punir ceux qui allaient lui ôter la vie.

Il était ce jour-là 18 heures et demie heure de Bujumbura. A deux kilomètres de son domicile, Pierre Claver Mbonimpa échappa à un mortel attentat. Grièvement blessé par une balle au niveau de la mâchoire, ce défenseur des droits de l’homme a été également blessé par une autre balle au cou. Il a été évacué dans un hôpital de Bujumbura.

Actuellement en exil, il se demande comment six ans après, la justice n’a pas encore fait son travail pour arrêter et traduire en justice ceux qui ont failli le tuer. Après six ans, il exprime sa joie en se posant des questions. « Aujourd’hui j’ai la joie. Mais c’est une joie qui donne beaucoup à réfléchir. Je me pose beaucoup de questions. Pourquoi voulaient-ils me tuer ? Je connais ceux qui ont failli me tuer. Je connais les commanditaires. Et je sais aussi que parmi ces commanditaires il en reste peu parce que pour la plupart, ils ont été tués ». Indique Pierre Claver Mbonimpa

« Le Président de la République a dit que la vie d’une personne est sacrée. Et moi je dis que si la justice ne fait son travail, les tueries ne cesseront jamais. Les tueurs marcheront toujours tête haute, sans rien craindre » poursuit-il. Selon lui, même s’il avait envie de regagner son pays natal, il n’aurait pas de courage car ceux qui ont commandité l’attentat et certains de ceux qui l’ont mis en application sont encore là.

En plus, raconte toujours Pierre Claver Mbonimpa, ceux qui ont tué son fils et son gendre ainsi que ceux qui ont tué tout un millier de gens, n’ont jamais été poursuivis. Une autre raison de plus qui laisse ce défenseur des droits de l’homme sceptique sur sa sécurité, une fois il rentrait au Burundi.

Mais, il pardonne quand-même

« Ceux qui ont voulu me tuer, ceux qui ont commandité l’attentat, à vrai dire, je leur pardonne. Je prie le Bon Dieu pour qu’il leur donne pardon ». Insiste Pierre Claver Mbonimpa qui sollicite nonobstant, le concours de la justice « parce que la justice ne pardonne pas, elle tranche et met la vérité au clair » précise-t-il. N’ayant pas confiance en la justice burundaise, Mbonimpa informe qu’il a déjà saisi la justice internationale.