Société : Funérailles de Matata Augustin, Agathon Rwasa rehausse la cérémonie

Inhumation ce mercredi 22 décembre 2021 de Matata Augustin, un militant du parti CNL, péri le 17 décembre de la même année, sous des actes de torture des services de renseignements. Le député Agathon Rwasa, Président du CNL, était présent lors de la cérémonie. Dans son discours, Agathon Rwasa demande la famille éprouvée de se retenir. Selon lui, ceux qui torturent et tuent les membres de son parti politique, seront un jour poursuivis. Il demande aux Burundais de se respecter même si on ne partage pas les mêmes idées politiques.

Le discours funéraire d’Agathon Rwasa revient sur ses relations avec le défunt Matata Augustin, lesquelles relations datent de 1991. Selon Rwasa, la carrière politique de Matata n’a pas été heureuse car il a été emprisonné 20 fois. « C’était sa 20ème fois d’emprisonnement. Il était chaque fois victimes de ses opinions politiques qui ne visaient que la dignité de tout burundais, qui qu’il soit. Je dirais que Matata meurt en vaillant et Dieu lui en remerciera » souhaite Agathon Rwasa.

Lors de la dernière arrestation de Matata Augustin, un vieux de 62 ans, beaucoup de membres du parti CNL ont été victimes c’était le 16 novembre 2021. Parmi les arrêtés, un beau-frère d’Agathon Rwasa. « Il a été arrêté dans une vague d’autres arrestations de nos membres, dont celle de mon beau-frère. Quand ils ont été interpellés par la justice, Matata ne pouvait pas répondre, parce qu’il avait été torturé. Même les autres ont été torturés et d’un moment à l’autre, ils peuvent connaître le même sort que celui de Matata » indique le leader du CNL.

Après avoir remarqué que Matata n’avait pas de la force de se présenter les juridictions, Agathon Rwasa s’est confié à la CNDH, Commission Nationale des Droits de l’Homme. « Je leur ai dit que parmi les gens convoqués à la justice, il y en a qui ne peuvent pas y arriver parce qu’ils ont été torturés. Je leur ai demandé d’aller plaider pour eux à la documentation pour qu’ils les transportent à l’hôpital. C’est cela qui a fait que Matata a été transporté à l’hôpital » précise encore Agathon Rwasa.

« Les bourreaux creusent leur tombe »

Agathon Rwasa trouve que les actes que posent les bourreaux peuvent leur retourner et leur causer des ennuis. « C’est vraiment douloureux ! Mais alors, c’est creuser leur tombe. Parce que cette terre n’est qu’un simple passage, personne n’est immortel. Comme le pasteur l’a dit, il faut chaque fois faire du bien, il faut chaque fois écarter le mal. Et si quelqu’un programme un mal, il aura à payer lui-même » conseille Agathon Rwasa. Selon lui, Dieu nous a créés pour nous compléter mais non pas pour nous détruire parce que demain est incertain.

Dans le même ordre d’idées, le leader de l’opposition continue à donner des conseils. Les temps changent, les situations aussi. « Aujourd’hui tu peux vivre la misère, demain l’opulence. Aujourd’hui tu peux être mieux placé, demain c’est la chute. Une chose est sûre. Si tu as bien vécu avec les autres tu cueilleras des fruits. Mais dans le cas contraire, tu auras des ennuis » précise-t-il.

Rwasa prêche la tolérance

« Je ne doute pas qu’ici vous êtes de différentes tendances. Vous appartenez à différentes confessions religieuses. Mais l’objectif reste le même. C’est celui d’avoir une bonne fin et arriver à avoir une récompense divine » C’est pour cela que Agathon Rwasa trouve qu’aucune personne ne devrait être victime de ses convictions politiques ou autres.

« Si réellement le Burundi accepte le multipartisme. Si la loi l’accepte, pourquoi tendre les nerfs parce qu’on rencontre son adversaire politique ? Pourquoi abuser de son pouvoir pour faire du mal à l’autre parce qu’il est d’un autre parti politique ? Les partis politiques ont existé mais à un certain moment ils ont disparu. Même ceux d’aujourd’hui disparaîtront. Mais le Burundi restera le Burundi. Cherchons à bâtir notre nation au lieu d’être possédés par le mal »
propos d’Agathon Rwasa, prônant la tolérance.

Agathon Rwasa demande aux gens de prier pour un changement au Burundi. Il dit être fatigué d’enterrer des gens morts dans des conditions aussi atroces. Il demande aux malfaiteurs de ne pas tuer une personne quand elle devra mourir un jour. Il trouve que c’est se salir les mains pour rien. Aux membres de son parti, il demande la solidarité et le courage. Il leur demande aussi de mettre en avant Dieu et le Burundi, tout en gardant l’espoir qu’un jour « ils arriveront ».