BURUNDI : Evariste Ndayishimiye s’en prend aux syndicats des enseignants et menace de saisir leurs cotisations

Depuis l’annonce de préavis de grève des enseignants au mois de janvier 2022, le Président de la République du Burundi Evariste Ndayishimiye ne cesse de menacer les enseignants. Après avoir dit qu’il bloquera leurs salaires une fois entrés en grève et qu’ils seront giflés par la population, Evariste Nayishimiye s’en est pris aux syndicats. Ce samedi 28 courant, au centre jeune Kamenge, il a précisé que les syndicats sont arrogants parce qu’ils ont beaucoup d’argent issu de leurs cotisations mensuelles, que c’est cela d’ailleurs qui fait qu’ils appellent au mouvement de grève. Il a dit qu’il va chercher tout l’argent des cotisations pour connaître ce que l’on en a fait.

« N’est ce pas moi que vous avez élu pour que je sois votre pasteur ?... Bien ! Je vais chercher tout l’argent issu des cotisations pour voir ce qu’on en a fait. L’arrogance qu’ils ont c’est l’argent des enseignants qu’ils consomment et puis ils les révoltent. Vos cotisations sont retenues à la source. Vous pensez que cet argent va où ? Regardez leur effectif au niveau national. Ils cotisent combien chaque mois ? Est-ce que vous pensez que c’est moins de cinq cent millions ? Où va cet argent ? Considérons par exemple les dix dernières années et leur demandons ce qu’ils ont fait avec ces cotisations »
a indiqué le Président Evariste Ndayishimiye.

Ne retenant pas son émotion, le Président promet qu’il va saisir tout l’argent issu des cotisations retenues à la source à la fin de chaque mois. Il promet que cet argent sera utilisé pour construire des bâtiments sans préciser lesquels. « Ils ont consommé l’argent des enseignants, et augmentent l’arrogance en cherchant à incendier le pays. Je vais m’y mettre pour contrôler cet argent. Nous nous en servirons pour bâtir. J’ai toujours dit qu’avec l’argent des cotisations des syndicats, si on avait bien l’utilisé, on aurait bâti un hôtel exemplaire au Burundi. Où va alors cet argent ? C’est la cause de leur arrogance » poursuit le Président.

Evariste Ndayishimiye va mettre en place une commission une chargée de contrôler les cotisations des enseignants pour qu’on est l’idée de leur utilisation. Selon lui, ce type d’argent incontrôlé est celui là qu’on utilise dans la criminalité « Je vais mettre une commission qui contrôler l’argent issu des cotisations des enseignants regroupés dans les syndicats pour connaître ce que fait cet argent. L’argent non contrôlé est utilisé dans le terrorisme »

Les syndicalistes et experts en éducation s’inscrivent en faux

Sous couvert d’anonymat, un enseignant membre du syndicat CONAPES, Conseil National du Personnel de l’Enseignement du Secondaire, fait savoir que le Président de la République ne devrait pas s’ingérer dans la gestion des cotisations des syndicats qui qu’ils soient. Il reconnait qu’il a les prérogatives de savoir tout ce qui se passe dans tous les domaines de la vie nationale, et qu’il interviendrait en cas d’un grand litige, sur demande du syndicat.

Libérat Ntibashirakandi, un expert en éducation est du même avis. S’exprimant sur les ondes de la Radio Inzamba Agateka kawe, il a dit que le Président ne peut s’ingérer dans la gestion des cotisations des syndicats. « Les syndicats sont reconnus par la loi burundaise à travers les statuts déposés au ministère de l’intérieur. Dans ces statuts, il est prévu des mécanismes de contrôle des fonds de l’association. Il ne revient pas au chef de l’Etat ou au gouvernement burundais de s’immiscer dans le contrôle des fonds des cotisations qui sont données par les enseignants. En attendant l’issu du dialogue en cours, il faut éviter les discours qui fâchent les uns et les autres. Il faut attendre les conclusions des états généraux de l’Education prévus du 15 au 17 mars 2022 » indique-t-il.