Dynamique :Rapport de 3 mois sur la violation des droits des réfugiés burundais en Tanzanie

Dans les camps de réfugiés qui hébergent les réfugiés burundais en Tanzanie, la situation reste extrêmement précaire dans tous les secteurs : des cas d’assassinats, harcèlements intempestifs, le bloquage des activités quotidiennes des réfugiés, des emprisonnements arbitraires, le non accès aux services de santé etc.

Ce rapport de 3 mois revient sur certains cas qui ont pu être inventoriés par les activistes burundais réfugiés en Tanzanie engagés pour la défense des droits des réfugiés se trouvant sur le sol Tanzanien. Le présent rapport concerne principalement les camps de réfugiés de Nduta et Mtendeli.

1.Cas de violations des droits des réfugiés burundais inventoriés dans le mois de Février

Le 3/02/2021, une attaque à mains armées s’est produite au domicile de Samola Saidi qui habite dans la zone A/01/0088 dans le camp de réfugiés de Nduta, deux téléphones et une somme d’argent ont été volées. La victime et sa famille ont demandé à la police tanzanienne de mener une investigation pour identifier les auteurs mais en vain.

Dans la nuit du 6/02/2021, la police tanzanienne a sérieusement battu un refugié burundais du Nom de Méthode qui habite dans la zone 6 du camp de réfugié de Mtendeli, il était accusé de rentrer tard .Ses voisins fustigent la brutalité utilisée par la police.

Le 12/02/2021, Nibayubahe Fulgence de 21 ans qui habite dans la zone C/09/0020 du camp de Nduta, enregistré comme refugié sous le numéro 309-16H0014 a été arbitrairement emprisonné pendant qu’il demandait pourquoi son statut de réfugié lui a été retiré. Ce cas de Fulgence est aussi un signe éloquent du verrouillage de l’espace d’expression et de réclamation même en cas d’injustice à l’encontre des réfugiés burundais.

Gahitira Venant ,73 ans qui habitait dans la zone A/06/0073, enregistré sous le numéro 309_15H00734 a été trouvé mort étranglé par des inconnus dans le camp de Nduta. La police n’a rien fait pour mener des enquêtes et identifier les auteurs de ce crime.

Le 20/02/ 2021, la police tanzanienne a dérobé une somme d’argent équivalent à 500,000 tz shillings aux réfugiés des noms de Claude et Saidi qui habitent dans le camp de réfugiés de Mtendeli. Ce comportement de la police ne fait que maltraiter les réfugiés qui ont un petit capital afin qu’ils rentrent forcément au Burundi.
Le 22/02/2021, Cubwa Nestor ,45 ans qui habitait dans la zone C/11/0050 a été trouvé mort étranglé dans une forêt près de la zone B du camp de Nduta. Les auteurs de cet assassinat ne sont pas jusqu’ici connus et la police tanzanienne semblait indifférente à ce crime odieux.

Accès limité aux services de santé et d’Education

Dans le domaine de l’Education, depuis le mois de février, il s’observe dans les camps de réfugiés de Mtendeli et de Nduta, un manque criant des matériels didactiques pour les enseignants et les élèves . L’enseignant et l’apprenant se trouvent dans l’incapacité de poursuivre leur mission dans un environnement éducatif de qualité. Des conséquences s’observent visiblement sur les résultats que les réfugiés burundais obtiennent dans les examens nationaux.

Le manque d’appui financier et technique, manque d’enseignants suffisants et qualifiés restent les facteurs défavorisant qui font freiner l’élan progressif du domaine de l’éducation dans les deux camps et les réfugiés burundais en sont malheureusement victimes.
Dans le domaine sanitaire, la passation des responsabilités de MSF (Médecins Sans Frontières) à la Croix Rouge Tanzanienne qui a eu lieu le 19/02/2021 a par après paralysé les services de la santé dans le camp de réfugiés de Nduta.

La Croix rouge Tanzanienne est confrontée au manque du personnel médical compétent et du matériel médical. Les réfugiés malades ne peuvent pas alors accéder aux soins de santé suite au manque des médicaments dans les centres de santé gérés par la croix rouge. Des cas des morts ont été enregistrés au mois de février dû au non accès aux services de la santé dans le camp de réfugiés de Nduta.

2.Cas de violations des droits des réfugiés burundais inventoriés dans le mois de Mars .

Le 06/03/2021, Bucumi Juvénal, 39 ans qui habitait dans la zone C/11/0051 enregistré sous le numéro 45-15H24365 dans le camp de Nduta a été porté disparu. Les auteurs de cette disparition forcée n’ont pas été identifiés.
Le 06/03/2021, les deux policiers surnommés Dato et Rasi tristement célèbres dans la violation des droits des refugies burundais dans les camps des refugiés en Tanzanie ont volé des marchandises et une somme d’argent équivalent à 2 millions shillings tanzaniens appartenant à deux motards des noms de Eric et Roshen au moment où ils se rendaient acheter ses marchandises dans le camp de Mtendeli.

Le 7/03/2021, le représentant du gouvernement tanzanien dans le camp de Mtendeli du nom de Makazi a illégalement saisi quatres sacs de riz d’un réfugié du nom de Buzima Paul qui se rentrait dans son pays natal volontairement.
Le 18/03/2021, Ndayiragije François et Ndayishimiye Célestin ont été arbitrairement arrêtés par la police Tanzanienne dans le camp de Mtendeli
Le 20/03/ 2021, Major Aristide et son agent de transmission ont perturbé la quiétude des réfugiés burundais qui étaient dans le petit marché de la zone C du camp de Mtendeli.

Manque criant des médicaments et du personnel médical

Dans le camp de Nduta, le manque de médicament et du personnel médical compétent au cours du mois de Mars a causé la perte de vies humaines. La complexité de l’organisation du domaine de la santé par la croix rouge Tanzanienne reste le facteur malheureux de plusieurs cas de décès des réfugiés burundais. Cette organisation humanitaire ne favorise pas les réfugiés malades qui veulent le transfert vers un hôpital.

Ici, on cite les noms des femmes dont leurs bébés sont mort-nés dans les différents centres de santé du camp Nduta :
Nzeyimana Anita qui habite dans la zone E/06/0024
Nimbona Anastasie qui habite dans la zone Q/17/0042
Niyubahwe Evelyne qui habite dans la zone Q/06/0007
Dans le camp de Mtendeli, le manque de médicament et du personnel médical suffisant et compétent n’ont pas épargné ce camp. Le cas le plus frappant du mauvais fonctionnement du secteur de la santé est la mort d’un enfant qui a été refusé d’être soigné la nuit à l’hôpital alors qu’il était à l’agonie.

Système éducatif en difficulté

Dans le camp de Mtendeli, on constate des abandons scolaires exponentiels à cause de la pauvreté dans les familles des réfugiés.
A cela s’ajoute un manque du personnel enseignant qualifié sans oublier du Matériel didactique. Les enseignants burundais les plus réputés et expérimentés sont maltraités et préfèrent chercher des opportunités d’emploi dans d’autres secteurs.
On a observé aussi des cas de harcèlement sexuel des enseignants à l’encontre des filles burundaises, bien que les auteurs aient été limogés, ils n’ont pas été poursuivis par les instances judicaires pour décourager à jamais les auteurs de ce crime.

4.Cas de violations des droits des réfugiés burundais inventoriés dans le mois d’Avril

Dans le domaine de la sécurité, un réfugié burundais du nom de Mbonyimana Oriel de la zone C/13/0002 enregistré sous le numéro 309-00064379 est mort en prison d’une façon inopinée , il était arrêté en date du 19/03/2021.
Le 15/04/2021, le gouverneur de la province Kigoma a suspendu les activités d’élevage des réfugiés burundais dans les camps de Nduta, Mtendeli et Nyarugusu. Dans son discours d’ultimatum, il a brutalement ordonné les réfugiés de vendre leurs bétails (Vaches, Chèvres, moutons et porcs) jusqu’au 15/05/2020 avant que leurs bétails soient brulés. Cette décision unilatérale et injuste de suspendre les activités d’auto-développement des réfugiés n’a autre visée que de forcer les réfugiés burundais de rentrer.

Pendant cette descente de l’autorité de Kigoma, les réfugiés du camp de Mtendeli sont informés qu’ils seront transférés dans le camp de Nduta sans plus de détails et sans une moindre consultation des autorités tanzaniennes auprès de la représentation des réfugiés. Par crainte d’être transférés dans le camp de Nduta connus comme un centre de torture et de harcèlement, certains réfugiés de Mtendeli préfèrent par contrainte s’inscrire sur la liste de ceux qui veulent le rapatriement.

Le 29/04/2021, le chef du camp de Nduta a donné l’ordre de couper les bananes des réfugiés burundais, des milliers de bananes ont été immédiatement coupées. Cette décision inhumaine est de créer un environnement de famine qui va contraindre les réfugiés de renter au Burundi contrairement à leur consentement.

Système de corruption dans le recrutement d’enseignants

Dans le camp de Nduta, on a observé que le processus de recrutement des enseignants a été émaillé de corruption. Des enseignants qualifiés ont été remplacées par d’autres après que ces derniers ont payé 40,000 shtz pour être embauchés.

Un administrateur burundais qui travaille dans l’ONG ‘’ International Refugee Commitee (IRC) est pointé du doigt par les réfugiés qui lui reprochent de collecter l’argent pour enfin être partagé avec ses collègues.

La Dynamique pour les Droits des Réfugiés en Tanzanie regrette que les derniers trois mois ont été caractérisés par des actes illégaux à l’encontre des réfugiés burundais qui se commettent en violant la Convention de Genève de 1951 relative aux droits des refugiés, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples que la Tanzanie a ratifiés.

La Dynamique pour les Droits des Réfugiés en Tanzanie conclut son rapport en demandant l’intervention de la nouvelle Présidente de la Tanzanie pour mettre fin à des actes de violations que subissent constamment les réfugiés burundais mais aussi d’ordonner des enquêtes indépendantes sur toute formes de violations afin que les auteurs soient traduits en justice.

Elle lance enfin l’appel vibrant aux réfugiés burundais se trouvant sur le sol Tanzanien de faire preuve de courage et de résilience en restant sereins , unis et solidaire tout en dénonçant quotidiennement les actes de violence qu’ils font subir .