Droits de l’homme : L’Action Mondiale des Parlementaires juge « inacceptable » l’emprisonnement de l’honorable Fabien Banciryanino.

La radio Peace FM s’est entretenue avec l’Action Mondiale des Parlementaires (PGA), une organisation non gouvernementale basée à New York (Etats-Unis) et à La Haye (Pays-Bas). Le Secrétaire Général et la Directrice de la Campagne pour le Renouveau démocratique et les droits de l’Homme de PGA ont déploré l’arrestation arbitraire de Fabien Banciryanino pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Ce dernier avait exprimé son point de vue au sujet de l’octroi de certains avantages au défunt ex-Président Pierre Nkurunziza.

Radio Peace FM : Mélissa Verpile bonjour. Vous êtes la Directrice de la campagne pour le Renouveau démocratique et les droits de l’Homme de l’Action Mondiale des Parlementaires. Pouvez-vous nous parler de PGA et nous dire comment vous avez su l’arrestation de l’honorable Fabien Banciryanino ?

Mélissa Verpile  : L’Action Mondiale des Parlementaires (PGA), est une organisation non gouvernementale internationale à but non lucratif et non partisane, qui comprend environ 1300 législateurs membres dans plus de 140 parlements à travers le monde. La mission de PGA est de promouvoir la démocratie, l’Etat de droit, les droits humains, l’égalité des sexes et la sécurité. Pour atteindre ces objectifs, PGA informe, en sensibilise et mobilise les parlementaires.

Dans le cadre de la Campagne de PGA pour le Renouveau démocratique et les droits de l’Homme, il y a une structure qui s’appelle « l’Equipe Parlementaire de Réponse Rapide » composée de 11 parlementaires venant de différentes régions du monde qui sont chargés de répondre de manière active lorsque la situation d’un ou plusieurs parlementaire(s) ou défenseur(s) des droits humains leur est référée, du fait que ces personnes encourent différents risques, notamment la violation de leurs droits civils et politiques, la violation de leur intégrité physique et psychologique.

C’est donc par l’Equipe parlementaire de réponse rapide, que la députée canadienne Madame Anita Vandenbeld, membre fondatrice, a informé ses collègues et le secrétariat de PGA de la situation de l’honorable Fabien Banciryanino sur laquelle nous avions été aussi alertés par une organisation partenaire de PGA, le Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne. Dès que la situation nous a été référée, les membres de l’Equipe parlementaire de réponse rapide et le secrétariat de PGA, se sont attelés à faire un suivi assidu de la situation.

Radio peace fm : Une question pour David Donat Cattin. Vous êtes Secrétaire Général de PGA, est-ce que vous collaborez avec d’autres organisations au Burundi ? Comment faites-vous cela ?

David Donat Cattin : PGA a des membres dans beaucoup de pays et nous sommes engagés avec les organisations de la société civile au niveau local avec lesquelles nous collaborons depuis longtemps. Nous avons eu l’occasion de connaître l’honorable Banciryanino. Nous connaissons également ses positions fermes, de principe, contre la décision de l’ancien Président et de l’ancien parlement de se retirer de la Cour pénale internationale. Nous avons su pour son arrestation le 8 octobre 2020, du fait de la campagne médiatique contre cette arrestation. Nous pensons que son arrestation est considérée comme illégale car il n’a fait qu’user de ses prérogatives dans le cadre d’une opposition démocratique. Cette arrestation est arbitraire et condamnable par la communauté internationale et le droit international.

Radio peace fm : Madame Verpile vous avez sorti une déclaration au mois de juin dernier où vous parliez de Fabien Banciryanino actuellement en prison, condamné à une année de prison et une amande de 100 mille francs burundais. Comment avez-vous accueilli cela ?

Mélissa  : Le 19 avril, PGA a publié un communiqué pour dénoncer l’incarcération et la persécution de l’honorable Fabien Banciryanino. Le vendredi 7 mai, il a été condamné par le tribunal de Grande Instance à une année de prison et à une amende de 100 mille francs burundais. Donc considérant qu’il a été poursuivi injustement pour rébellion, dénonciation calomnieuse et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat, une telle peine privative de liberté d’une année et une amende de 100 mille francs burundais sont tout aussi injustes et arbitraires. Etant donné que M. Banciryanino est détenu depuis octobre 2020, nous espérons que sa période de détention sera comptabilisée comme peine purgée.

La déclaration a été bien accueillie notamment par la diaspora burundaise et au Canada, mais nous nous inquiétons des conditions de détention de Fabien Banciryanino. Nous espérons que la déclaration a eu des retombées au niveau local afin de sensibiliser les acteurs publics sur la détention illégale des défenseurs des droits humains et des parlementaires de l’opposition.

Radio peace fm  : Avez-vous déjà reçu un feed-back de la part des autorités burundaises ?

Mélissa : Malheureusement non. Mais nous gardons espoir que nous aurons des interlocuteurs gouvernementaux. La position de PGA est une position de principe de défense des droits humains et des droits civils et politiques. Et pour conclure, j’exhorte le gouvernement burundais à rétablir l’ordre constitutionnel légal dans lequel la justice est indépendante. Le gouvernement burundais devrait prioriser certaines réformes institutionnelles nécessaires. Les prisonniers politiques et les défenseurs des droits humains devraient être libérés et le gouvernement devrait s’assurer que les médias restent indépendants.