S’attaquer à tout le monde, « une approche incorrecte » d’Evariste Ndayishimiye.

Dès le début de sa deuxième année au pouvoir, le président burundais Evariste Ndayishimiye s’attaque à tout le monde. Il gronde les magistrats les accusant de corruptions, les conseillers à la présidence suspendus temporairement etc. « L’approche du Président n’est pas correcte » selon des observateurs.

L’ institution que Ndayishimiye a attaquée avec plus de virulence est le corps de la magistrature. Au cours d’une séance de moralisation des responsables, des élus, des responsables religieux et des natifs de Kayanza en date du 30 août 2021. Le Président a déclaré publiquement que le pays va mal à cause de la corruption qui gangrène le judiciaire.

Quelque quatre mois avant, le 19 avril 2021, tous les comptables communaux avaient été destitués. Au nombre de 119, ils ont été accusés d’avoir handicapé la collecte des impôts et des taxes communaux. Des gens se demandent si tous ces comptables avaient commis la même faute.

Le 16 août de l’année en cours, 8 conseillers à la présidence ont été suspendus pendant deux semaines pour s’être absenté au travail. Alors que le Président de la République effectuait des descentes à l’intérieur du pays, les huit conseillers ne se présentaient pas à leurs postes d’attache.

Dans toutes les séances dites de moralisation, le Président de la République ne cache pas ses émotions. Il insulte tout soupçonné fautif avant que la justice ne tranche en faveur ou en défaveur de l’accusé. A Kayanza par exemple, il a humilié en public la Procureure de la République dans cette province, ce qui destabilise la personne en question, sa famille et ses relations.

« Une approche incorrecte »

La méthodologie de s’en prendre aux gens et aux institutions n’est pas correcte. L’analyse est de Frédéric Bamvuginyumvira, un ancien Vice-Président de la République du Burundi. « S’il y a un comportement irrégulier des magistrats, ce sont des questions qui peuvent être traitées autrement. Comme il est le magistrat suprême, il pouvait organiser un symposium des magistrats et puis analyser les faits et chercher des solutions » informe F.Bamvuginyumvira.

« Le Président de la République devrait revoir sa façon de réagir. Ce n’est pas en exploitant les sentiments que le Président pourra convaincre » poursuit F.Bamvuginyumvira. Selon lui, Evariste Ndayishimiye devrait recruter des experts pour étudier l’état des lieux du fonctionnement de l’Etat.