BURUNDI : 20 ANS AU POUVOIR DU CNDD-FDD, 20 ANS DE SOUFFRANCE DES PROFESSIONNELS DES MEDIAS
Bientôt 20 ans, le parti cndd-fdd est au pouvoir depuis 2005. La période a été marquée par le harcèlement des journalistes sous toutes ses formes. Les uns ont été tués, les autres enlevés et portés disparus, d’autres encore emprisonnés sans motifs valables ou alors subi de menaces de mort. La radio PEACE FM, en synergie avec la radio Haguruka et le magazine le Mandat, révèle quelques cas de figure qui illustrent les exactions faites à l’endroit des journalistes des radios privées et de la radio-télévision nationale du Burundi.
Alors que le peuple burundais poussait un ouf de soulagement après une dizaine d’années de guerre civile, une guerre arrêtée par la signature de l’Accord d’Arusha en 2000 par les groupes armés, les partis de l’opposition, la société civile et le pouvoir d’alors, la situation n’a pas été comme on l’espérait. Les élections de 2005 ont porté le cndd-fdd au pouvoir. Ce fut le début des atrocités contre quiconque dénonce ce qui ne marche pas dans le pays. Les éléments gênants, étaient bien sûr les médias privés.
S’il faut commencer par le cas le plus récent, il faut parler de celui de Sandra Muhoza qui totalise ce jour, sept mois en prison depuis avril 2024. Cette journaliste du journal « LA NOVA » vient d’être condamnée à une prison de 12 ans et de payer une amande d’un million de francs burundais lors d’un procès en audience publique du mardi 12 novembre 2024 du Tribunal de Grande Instance de Mukaza en mairie de Bujumbura.
Trahie par ses amis avec qui elle partageait le même groupe whatsapp, Sandra Muhoza est accusée de tenir des propos divisionnistes et de porter atteinte à l’intégrité de l’Etat. Elle avait donné son point de vue par rapport à une information diffusée par des médias, comme quoi, il y aurait distribution de machettes parmi la population. Les avocats de défense plaident pour sa libération parce qu’elle est injustement incarcérée.
La journaliste Floriane Irangabiye, de la radio « IGICANIRO » marque aussi la continuité des persécutions faites à l’endroit des journalistes. Arrêtée au mois d’août 2022, elle a été emprisonnée, libérée par la grâce présidentielle au mois de juillet 2024.
Le 22 octobre 2019, quatre journalistes du journal IWACU, Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Thérence Mpozenzi, Egide Harerimana et leur chauffeur ont été arrêtés. Le chauffeur a été vite libéré, mais journalistes ont été emprisonnés. Ils ont été libérés eux aussi par la grâce présidentielle le 24 décembre 2020.
En novembre 2011, le journaliste de la radio BONESHA FM et correspondant de la Radio France Internationale RFI section swahili HASSAN RUVAKUKI, a été arrêté et emprisonné accusé de collaborer avec les groupes armés, alors qu’il venait de la Tanzanie chercher des informations à propos du groupe rebelle « FRD ABANYAGIHUGU ».
Au mois de janvier 2015, le directeur de la Radio Publique Africaine RPA est arrêté puis emprisonné à la prison centrale de Muramvya. Ce journaliste enquêtait sur le dossier de l’assassinat de trois sœurs italiennes de la paroisse Guido Conforti de Kamenge. Au mois février de la même année, le journaliste a été libéré.
Le pire arriva
Le 13 octobre 2015, le journaliste Christophe Nkezabahizi de la radio-télévision nationale a été assassiné avec toute sa famille et un visiteur. Les services de renseignement seraient derrière cet assassinat. Jusqu’à présent, la justice reste muette sur ce cas d’ignoble assassinat.
Le cas de Jean Bigirimana, journaliste de groupe de presse IWACU est aussi éloquent pour montrer que le pouvoir du cndd-fdd n’a pas fait bon ménage avec les médias. Ce journaliste a été enlevé, puis porté disparu au mois de juillet 2016, après avoir répondu à un appel téléphonique. Les services de renseignement sont accusés d’être impliqués dans cette affaire.
La destruction en août 2015, de certaines radios privées dont la RPA, BONESHA FM, ISANGANIRO, la radio-télévision Renaissance, la fuite de plus d’une centaine de journalistes actuellement en exil, sont des éléments qui montrent que le pouvoir cndd-fdd ne fait bon ménage avec les médias qui dénoncent ce qui ne marche pas dans le pays.
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