La santé des prisonniers au Burundi : "Un droit fondamental négligé", dénonce ACAT-Burundi

Le 16 janvier 2025, l’organisation Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-Burundi) a publié une déclaration dénonçant le manque de soins médicaux dans les prisons burundaises, en particulier à la prison centrale de Mpimba. Cette situation met en lumière des préoccupations profondes concernant les droits humains et la dignité des détenus dans le pays.
ACAT-Burundi a recueilli plusieurs témoignages poignants illustrant ces défaillances systémiques. Bonaventure Kamenyero, 68 ans et diabétique, n’a pas reçu les soins d’urgence nécessaires malgré ses demandes répétées. Son transfert à l’hôpital est survenu trop tard, et il est décédé en route le 3 janvier 2025. Léonidas Nyandwi, également âgé de 68 ans, souffre de graves séquelles liées à des tortures subies avant son incarcération. Malgré des recommandations médicales pour un transfert, il reste détenu sans soins adaptés. De plus, la facture de ses soins, d’un montant de 4 millions de francs burundais, demeure impayée, mettant sa vie en péril.
Pour ACAT-Burundi, ces exemples révèlent une réalité accablante où la santé des détenus est négligée.
L’organisation rappelle que, selon l’article 11 de la loi sur le régime pénitentiaire du Burundi, chaque détenu a droit à des soins médicaux appropriés, quelle que soit l’infraction commise. Elle déplore que cette garantie légale soit largement ignorée dans les prisons, notamment à Mpimba. ACAT-Burundi insiste sur le fait que les autorités pénitentiaires ont l’obligation de surveiller la santé des prisonniers et de les transférer vers des établissements médicaux lorsque cela est nécessaire.
Les conséquences de l’inaction
Le manque de soins médicaux appropriés et l’absence de transferts pour des traitements spécialisés constituent des violations graves des droits humains. Ces négligences entraînent non seulement des souffrances inutiles, mais aussi des décès évitables. Conformément à la Constitution du Burundi et aux normes internationales, ACAT-Burundi souligne que chaque détenu devrait bénéficier de soins de santé égaux à ceux de la population civile.
Pour remédier à cette situation, l’organisation propose plusieurs mesures urgentes. Elle appelle les autorités de la prison centrale de Mpimba à transférer immédiatement M. Léonidas Nyandwi dans un hôpital spécialisé et à garantir un suivi médical quotidien pour tous les détenus. Elle demande à la Commission nationale indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) de veiller au respect des droits fondamentaux des détenus, y compris le droit à la santé, en soutenant M. Nyandwi dans la prise en charge de ses frais médicaux.
ACAT-Burundi sollicite également une aide financière des organisations humanitaires pour couvrir les frais médicaux des détenus malades et sensibiliser les autorités burundaises à l’importance de respecter les normes internationales relatives aux droits humains.
Enfin, l’organisation recommande au gouvernement burundais de renforcer le contrôle des établissements pénitentiaires afin de garantir le respect des normes légales en matière de soins de santé.
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