La confusion diplomatique ravive les douleurs du passé Burundais

L’onde de choc des tragédies burundaises continue de se propager, et cette fois-ci, elle ébranle les relations déjà fragiles entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Burundi. Au cœur de cette nouvelle tourmente diplomatique se trouvent, une fois de plus, les victimes des violences passées.

Pacifique Nininahazwe, figure emblématique de la défense des droits humains au Burundi, n’a pas caché son étonnement face aux récentes déclarations de la Ministre des Affaires Étrangères de la RDC, Thérèse Kwayikamba Wagner. Sur les réseaux sociaux, son interrogation résonne : qu’est-ce qui a motivé la ministre congolaise à évoquer un "génocide commis contre les Hutus au Burundi en avril 1994", allant jusqu’à avancer le chiffre de "dizaines de milliers de civils" victimes ?

Cette affirmation n’a pas tardé à susciter une réaction de la part de la Représentation du Burundi auprès des Nations Unies. Selon des sources diplomatiques congolaises relayées par cette représentation, la déclaration de Madame Kayikwamba Wagner devant le Conseil de Sécurité de l’ONU le 16 avril 2025 aurait été le fruit d’un "lapsus". Tout en reconnaissant la multitude de victimes des violences qui ont secoué le Burundi entre 1993 et 1996, la représentation burundaise a tenu à rectifier : le "Génocide Hutu" mentionné par la ministre congolaise faisait en réalité référence aux massacres de 1972 au Burundi.

Cette clarification, loin d’apaiser les tensions, met en lumière la sensibilité et la complexité des mémoires douloureuses liées aux tragédies interethniques qui ont marqué la région. L’amalgame potentiel entre les événements de 1994 et ceux de 1972 ravive des plaies profondes et risque d’exacerber les divisions persistantes.

Pour les victimes de ces violences, qu’elles soient Hutus ou Tutsis, ces échanges diplomatiques empreints de confusion ajoutent une nouvelle strate de souffrance. Ils rappellent cruellement la fragilité de la paix et la persistance des cicatrices du passé. D’après une personne sous anonymat, Il est impératif que les discours politiques soient empreints de la plus grande précision et d’un profond respect envers la mémoire de toutes les victimes. Seule une approche rigoureuse peut éviter toute instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques et favoriser une véritable réconciliation, si essentielle pour l’avenir de la région.