Le Burundi face à la pauvreté : Un État miné par la corruption et les défis de gouvernance

Le Burundi, souvent cité parmi les pays les plus pauvres du monde, fait face à une crise économique et sociale profonde, exacerbée par des problèmes de gouvernance et de corruption. Depuis les **manifestations de 2015 contre le troisième mandat** du défunt président Pierre Nkurunziza, la pauvreté s’est accentuée au sein de la population, avec des conséquences dévastatrices sur le développement national.

L’Impact de la Crise Politique sur le Développement

La crise politique de 2015 a non seulement entraîné une dégradation des conditions de vie, mais elle a également contraint de nombreux Burundais à chercher refuge dans les pays voisins. Ironiquement, des "projets de développement "sont mis en œuvre dans les camps de réfugiés au Rwanda et ailleurs, des initiatives qui devraient idéalement se dérouler au Burundi pour prévenir la pauvreté et favoriser le retour de ses citoyens.

Un exemple frappant de ce décalage est l’action de Marguerite Barankitse, fondatrice de la Maison Shalom. Récemment, elle a inauguré une école exemplaire, l’école Sainte Anne de Kigali au Rwanda, proposant un programme de l’IB (International Baccalaureate). Une telle institution, offrant une éducation de haute qualité, est malheureusement impensable au Burundi, un pays que de nombreux observateurs accusent d’être appauvri par le parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Sans la crise politique, les louables initiatives de Barankitse auraient sans doute vu le jour dans son propre pays.

La Corruption et la Paresse des Fonctionnaires : Un Frein au Progrès

La corruption et l’inefficacité au sein de l’administration publique burundaise sont des défis majeurs. Le Ministre des Finances, du Budget et de la Planification Économique, Nestor Ntahontuye, a récemment mis en lumière l’ampleur du problème lors d’une réunion avec le personnel de son ministère. Questionnant rhétoriquement : « Qu’un employé qui ne vole pas à l’État lève le doigt », le Ministre a dénoncé le non-respect des heures de travail obligatoires par de nombreux fonctionnaires. Il a estimé que cette paresse représentait une perte annuelle colossale de 456 milliards BIF pour l’État.

Six mois après sa prise de fonction, le Ministre a évalué les réalisations, notamment la révision budgétaire 2024-2025 et la préparation de la loi budgétaire 2025-2026. Lors d’une réunion ultérieure avec les chefs de départements, il a particulièrement insisté sur le retard dans le traitement des dossiers.

Bien que certains participants aient évoqué un manque de personnel comme facteur de ralentissement, le Ministre a exhorté ses équipes à travailler avec ardeur et efficacité pour assurer le bon fonctionnement du trésor public. Il a également critiqué la passivité de certains fonctionnaires qui attendent des instructions au lieu de prendre des initiatives, les appelant à faire preuve de professionnalisme et à éradiquer la paresse et la corruption.

Appels à l’Amélioration des Conditions de Travail

En réponse aux préoccupations du Ministre, les fonctionnaires, par la voix de leur représentant, ont exprimé leur gratitude pour l’écoute. Ils ont sollicité un meilleur appui de l’État, notamment en facilitant le transport en commun pour respecter les horaires, en réparant les équipements défectueux et en garantissant l’équité dans la répartition des tâches. Ils ont également plaidé pour une amélioration de leurs conditions de travail, en particulier pour ceux des services à forte exigence. Le Ministre s’est engagé à œuvrer pour créer un environnement propice à un meilleur rendement.