Tensions au Parlement burundais face à la pénurie de carburant : accusations de dissimulation et détresse populaire

La crise du carburant continue de paralyser le Burundi, exacerbant les tensions au sein du parlement. Alors que le quotidien des Burundais est fortement perturbé, le président de l’Assemblée nationale a publiquement accusé certains acteurs de dissimuler intentionnellement des stocks de carburant et de devises destinées à l’importation de biens essentiels. Cette accusation a suscité de vives réactions de la part de députés, qui ont dénoncé l’inaction du gouvernement face à la souffrance croissante de la population. Le débat parlementaire a mis en lumière la profondeur de la crise et l’absence de solutions immédiates.

Daniel Gélase Ndabirabe, président de l’Assemblée nationale, a exprimé sa conviction lors de la présentation du rapport semestriel du Premier ministre. Il a affirmé détenir des informations selon lesquelles le carburant existe, mais est intentionnellement caché, tout comme les devises nécessaires aux importations cruciales. Face à cette situation, il a même suggéré aux députés de solliciter une dérogation spéciale pour effectuer des perquisitions domiciliaires afin de vérifier la disponibilité réelle du carburant. « Demandez une dérogation spéciale pour effectuer des fouilles perquisitions dans les quartiers. Vous constaterez que le carburant se trouve dans des maisons d’habitation », a-t-il déclaré, soulignant la persistance de la circulation des véhicules et des camions comme preuve.

Le député Pamphile Malaika a insisté sur l’urgence de reconnaître l’ampleur de la détresse des Burundais face à cette pénurie. Il a interpellé le Premier ministre, demandant s’il avait conscience des conditions difficiles endurées par les citoyens faisant la queue pour les transports en commun, exposés aux intempéries. « Je voudrais demander au Premier ministre s’il s’est au moins rendu au parking de l’ancien marché central pour voir comment les gens [...] sont tantôt frappés par le soleil, tantôt par la pluie », a-t-il questionné, s’inquiétant également du nombre croissant de personnes se déplaçant à pied.

Le Premier ministre Gervais Ndirakobuca a répondu en soulignant que tout dirigeant insensible à la souffrance de son peuple perd sa légitimité. Il a affirmé avoir personnellement observé la situation à Bujumbura : « Si les citoyens ont des problèmes, ces problèmes sont les nôtres à tous. [...] Je passe souvent au marché central sans que personne ne sache que c’est moi. »

Pour le député Agathon Rwasa, la persistance de la pénurie de carburant compromet sérieusement les ambitions de développement du pays. Il a plaidé pour la tenue d’états généraux afin d’analyser en profondeur la crise et d’adopter des mesures salvatrices pour un pays qu’il décrit comme étant « au bord du gouffre ».

Dans une déclaration publique à Rumonge, le porte-parole du gouvernement, Jérôme Niyonzima, a indiqué que la solution durable à la pénurie de biens importés dépend de l’exploitation et de l’exportation des ressources minières découvertes, seule voie pour renflouer les caisses de l’État en devises étrangères.