BURUNDI : « DANGEREUSE DERIVE VERS L’INSTABILITE »

L’ingérence du gouvernement burundais dans l’organisation des partis politiques de l’opposition inquiète le Réseau de Solidarité des Leaders Politiques de l’Opposition Africaine. Dans sa déclaration du 9 mars 2024, cette organisation souligne la détérioration de la situation des droits de l’homme et des libertés civiles au Burundi et appelle le gouvernement du Burundi à respecter la Constitution et les lois du pays ainsi que les pactes régionaux et internationaux dont le Burundi est signataire et à cesser de s’ingérer dans les affaires internes du principal parti d’opposition, le CNL.

« Nous constatons avec regret que, loin de tenir compte de notre appel, les autorités burundaises ont depuis lors intensifié cette ingérence en aidant activement un groupe minoritaire de membres rebelles du CNL à prendre illégalement le contrôle du parti ». Ce réseau déplore aussi le fait que le ministre burundais de l’intérieur du développement communautaire et de la sécurité publique a vite reconnu les clauses du « pseudo-congrès », en date du 18 mars 2024 et que ce même ministre n’a pas manqué de manifester son intention à démettre de ses fonctions le député Agathon Rwasa.

La démarche du gouvernement à s’ingérer dans l’organisation des partis politiques de l’opposition risque de replonger le Burundi dans de graves difficultés politiques. « Cette action a effectivement mis en déroute l’opposition au Burundi tout en installant des dirigeants choisis qui sont en fait des substituts du gouvernement du Burundi. Elle viole la constitution et les lois du Burundi, s’inscrit en faux contre l’Accord d’Arusha et remet le Burundi sur un chemin périlleux qu’il avait emprunté et que cet accord de paix a été établi pour résoudre les problèmes politico-sociaux » indique le réseau.

Le réseau de Solidarité des Leaders politiques de l’Opposition Africaine, condamne aussi les allégations non fondées et non justifiées portées contre le principal opposant du pouvoir du parti cndd-fdd. Une telle situation vise à prendre le contrôle de l’opposition. « Dans une situation qui exacerbe encore la prise de contrôle illégale de l’opposition officielle, nous avons la preuve qu’en février, le ministre burundais de l’intérieur a fait des allégations non fondées contre l’honorable Rwasa, l’associant à des groupes terroristes. Après la prise de contrôle illégale du CNL, le ministre a de nouveau accusé, sans aucun fondement, l’honorable Rwasa d’avoir envoyé des personnes anonymes pour rechercher le domicile du ministre et identifier les voitures qu’il conduit » poursuit la même organisation.

Les allégations du ministre de l’intérieur et de la sécurité sont jugées fausses et visent à nuire à Rwasa et à sa famille. « Ces fausses accusations ne peuvent pas être prises à la légère et traduisent un complot contre l’honorable Rwasa afin de lui retirer sa liberté, soit à lui nuire ou à nuire à ses associés, y compris les membres de sa famille ».

Des députés du CNL également dans le viseur

Le député Rwasa n’est pas le seul élément gênant du gouvernement. D’autres membres du parti CNL sont aussi menacés. Le Réseau de Solidarité des Leaders Politiques de l’Opposition Africaine en dit plus. « Le gouvernement burundais a déjà placé certains députés du CNL en détention sans jugement et continue de menacer et de harceler les membres du CNL dans tout le pays. Cette campagne de harcèlement et d’intimidation, destinée à faire taire la voix authentique du CNL, n’augure rien de bon pour le pays ».

L’organisation en appelle aux garants de l’accord de paix au Burundi de prendre des mesures pour éviter le pire. « Nous appelons les garants de l’accord de paix au Burundi, dont font partie les gouvernements de Tanzanie et d’Afrique du Sud, à prendre des mesures immédiates pour inciter le gouvernement du Burundi à respecter les lois du pays et les termes de l’accord de paix et à mettre fin à la dangereuse dérive vers l’instabilité » conclut le Réseau de Solidarité des Leaders Politiques de l’Opposition Africaine.