Burundi : L’urgence humanitaire des réfugiés burundais en Tanzanie : un appel désespéré pour une protection internationale
Dix-neuf organisations de défense des droits de l’homme ont récemment publié un mémorandum d’une gravité alarmante pour attirer l’attention sur les violations systématiques des droits des réfugiés burundais en Tanzanie. Face à l’indifférence des autorités tanzaniennes et à l’inaction du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés en Tanzanie (HCR), ce document s’érige comme un cri d’alarme, exhortant la communauté internationale à intervenir d’urgence pour mettre un terme au rapatriement forcé des Burundais, dont la sécurité et la dignité sont en péril.
Les recommandations urgentes des organisations signataires
Le mémorandum formule une série de recommandations à l’adresse des gouvernements tanzanien et burundais, ainsi qu’aux institutions internationales. Au cœur de ces demandes, la suspension immédiate du processus de rapatriement forcé des réfugiés burundais se pose comme une priorité absolue. Les organisations signataires insistent sur la nécessité de respecter les principes du non-refoulement, stipulés par la Convention de Genève de 1951, qui interdisent le retour forcé de toute personne vers un pays où sa vie ou sa liberté seraient menacées.
Le document appelle également à une évaluation approfondie de la situation sécuritaire au Burundi, à l’instauration de mécanismes de protection rigoureux pour les réfugiés, et à une prise de responsabilité claire du HCR, de l’Union Africaine (UA), et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) face aux violations persistantes des droits humains.
Un contexte de répression et de discriminations
Depuis plusieurs années, les autorités tanzaniennes ont intensifié leurs mesures coercitives contre les réfugiés burundais en poussant ces derniers à un retour "volontaire" au Burundi, où leur sécurité est loin d’être garantie. Des déclarations intimidantes d’officiels tanzaniens, comme celles de Simon Sirro Nyokoro, Inspecteur Général de la Police, et de Sudi Mwakibasi, Directeur des réfugiés au Ministère de l’Intérieur, témoignent d’une volonté claire de se débarrasser des réfugiés burundais à tout prix. Ces propos, accompagnés d’actions répressives telles que la destruction des champs, la fermeture des écoles, et la privation de soins médicaux, révèlent une stratégie de harcèlement systématique visant à rendre la vie des réfugiés insupportable.
Des conditions de vie déplorables dans les camps de réfugiés
Le mémorandum dépeint une situation catastrophique dans les camps de réfugiés burundais en Tanzanie, où les conditions de vie sont précaires et marquées par une insuffisance chronique de l’aide humanitaire. Les réfugiés se trouvent dans l’impossibilité de mener des activités génératrices de revenus, leurs champs et boutiques ayant été systématiquement détruits par les autorités tanzaniennes. Le manque d’accès aux soins médicaux, dû à la fermeture de plusieurs infrastructures de santé dans les camps, aggrave encore davantage la vulnérabilité de ces populations, particulièrement des enfants et des femmes enceintes.
L’éducation, un autre droit fondamental, est également sacrifiée. La fermeture répétée des écoles dans les camps a forcé des milliers d’enfants à abandonner leurs études, ce qui exacerbe la délinquance juvénile et les risques de violence.
Une collaboration inquiétante entre les autorités tanzaniennes et burundaises
Les organisations dénoncent en outre une collaboration étroite entre les autorités tanzaniennes et le Service National de Renseignement burundais qui vise à faciliter les rapatriements forcés. Ces opérations sont souvent menées de manière clandestine et violente, entraînant des arrestations arbitraires, des kidnappings, et des déportations illégales de réfugiés vers le Burundi, où ils sont confrontés à des risques de persécution, voire de disparition forcée.
Ce mémorandum se termine par un appel désespéré à la communauté internationale, afin qu’elle se mobilise pour protéger les réfugiés burundais de la répression tanzanienne et du danger mortel qui les guette en cas de rapatriement forcé. Face à une telle urgence humanitaire, les signataires exigent que le HCR prenne ses responsabilités et trouve d’autres solutions d’accueil pour ces réfugiés. En l’absence de mesures concrètes, les exactions continueront de ternir l’image de la Tanzanie et de choquer la conscience universelle.
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