Dans un contexte de fortes tensions bilatérales, l’armée burundaise a déclaré avoir mené une opération militaire significative dans la forêt de la Kibira (Cibitoke), affirmant avoir neutralisé plus d’une centaine de combattants rwandais du Front de Libération Nationale (FLN), selon un journal en ligne sos medias.

Cette action fait suite au refus des FLN de se joindre aux troupes burundaises engagées en République démocratique du Congo (RDC). Selon des sources militaires burundaises, deux offensives ont été lancées entre mars et début mai contre les positions retranchées des rebelles dans la commune de Mabayi, entraînant la mort de plus de 100 membres du groupe armé et la perte d’une dizaine de soldats burundais. Le motif de ces affrontements résiderait dans le refus des FLN de soutenir les forces burundaises déployées en RDC contre la rébellion du M23, qualifié de "trahison" par un commandant impliqué.

Un capitaine basé à Kumuzungu a décrit l’opération comme un encerclement nocturne qui a permis de neutraliser des rebelles désorganisés malgré leur armement, grâce à l’effet de surprise. Les combats les plus intenses se sont déroulés autour des 8 et 9 mars, ainsi que durant le week-end du 3 au 4 mai 2025. Une trentaine de rebelles ont été capturés et conduits à Bujumbura pour interrogatoire, tandis que des blessés ont été découverts dans la forêt.

Les autorités militaires ont fait état de la saisie de neuf fusils Kalachnikov, de deux pistolets automatiques et de munitions. Les rebelles capturés ont déclaré avoir quitté l’est de la RDC après avoir refusé de soutenir les FARDC, appuyées par divers groupes et des soldats burundais dont la présence au Sud-Kivu a été confirmée par le président Ndayishimiye. Un haut gradé burundais a indiqué que ce refus avait été perçu comme une trahison après un ultimatum.

La population de Mabayi, régulièrement victime d’exactions attribuées aux FLN, a favorablement accueilli l’opération, aspirant à une paix durable. L’administratrice communale, Jeanne Izomporera, a confirmé l’ampleur de l’opération et l’inhumation rapide des corps pour des raisons sanitaires, saluant l’action des forces de défense. L’armée burundaise a annoncé son intention de poursuivre les offensives jusqu’à l’élimination complète des groupes armés dans la région de la Kibira, promettant de ne plus tolérer de sanctuaire pour ces groupes.

Cette campagne militaire se déroule dans un contexte de tensions persistantes entre le Burundi et le Rwanda, marqué par la fermeture des frontières terrestres par Bujumbura en janvier 2024, accusant Kigali de soutenir des groupes armés. Par ailleurs, des arrestations ont eu lieu au Burundi ces dernières années, visant des personnes soupçonnées de liens avec les FLN et les FDLR.

Au-delà des aspects militaires, les rivalités entre les deux pays sont également alimentées par des enjeux économiques, notamment le contrôle de l’extraction illicite d’or dans la réserve naturelle de la Kibira, désormais sous surveillance militaire accrue. Les autorités burundaises assurent qu’elles rétabliront durablement l’ordre dans cette région instable.