Dans l’ombre des collines de Kibimba, une réunion secrète a rassemblé les plus hauts gradés du CNDD-FDD autour du président Ndayishimiye. Pacifique Nininahazwe, lève le voile sur les enjeux de cette rencontre, alors que le parti au pouvoir tente de panser ses divisions à l’approche des élections de 2025. Entre réconciliation fragile et menaces sous-jacentes, l’avenir du CNDD-FDD se joue à huis clos.

Le 16 septembre 2024, une révélation marquante a secoué la sphère politique burundaise. Sur sa page Facebook, Pacifique Nininahazwe, a dévoilé la tenue d’une réunion secrète de plusieurs généraux influents du CNDD-FDD, organisée dans le village natal du président Évariste Ndayishimiye à Kibimba, commune de Giheta. Ce conclave, qui s’est déroulé sur deux jours, soulève de nombreuses questions sur les véritables enjeux à l’approche des élections de 2025.

Selon les informations publiées par Nininahazwe sur sa page Facebook, cette rencontre a débuté le vendredi 13 septembre à 17 heures et s’est prolongée tard dans la soirée du samedi 14. "Ce n’était pas une simple réunion de routine", a-t-il écrit, se basant sur des sources proches des participants. Des personnalités militaires éminentes telles que le général Gervais Ndirakobuca, Révérien Ndikuriyo et le général Prime Niyongabo y auraient pris part, ce qui renforce l’idée que les discussions étaient d’une grande importance.

Un besoin de réconciliation ?

Depuis plusieurs mois, le CNDD-FDD est en proie à de profondes divisions, notamment après l’éviction en 2022 de certains généraux influents, suivie de l’arrestation spectaculaire du général Alain Guillaume Bunyoni en avril 2023. Nininahazwe suggère que cette réunion pourrait être une tentative du président Ndayishimiye de rétablir l’unité dans les rangs du parti avant les élections de 2025. "Le président semble conscient que l’heure est grave et que les divisions internes pourraient affaiblir le parti", a-t-il précisé dans son post.

Les sources relayées par Nininahazwe sur sa page Facebook laissent entendre que certains participants, notamment les généraux Ndirakobuca et Ndikuriyo, auraient montré des signes de désaccord avec la ligne actuelle du président. "Ndayishimiye pourrait chercher à rassembler les anciennes figures du CNDD-FDD pour éviter une scission fatale avant les échéances électorales", analyse Nininahazwe, toujours sur sa page.

Le cas Bunyoni, une équation complexe

L’une des principales difficultés à surmonter dans ce processus de réconciliation est la situation du général Alain Guillaume Bunyoni. Condamné à la réclusion à perpétuité, Bunyoni reste une figure influente du CNDD-FDD, même derrière les barreaux. Selon Pacifique Nininahazwe, la libération de Bunyoni pourrait apaiser une partie des tensions, mais elle renforcerait également sa position. "Le président Ndayishimiye fait face à un dilemme : s’il libère Bunyoni, il risque de le voir regagner du terrain et devenir une menace directe. Mais s’il le maintient en prison, la réconciliation interne pourrait échouer", a écrit Nininahazwe sur sa page Facebook.

Une éventuelle guerre régionale en toile de fond ?

Nininahazwe explore également une autre hypothèse sur les raisons de cette réunion secrète. Selon lui, les discussions pourraient avoir porté sur des préparatifs militaires dans la région des Grands Lacs, notamment en collaboration avec la République Démocratique du Congo (RDC). "Le président semble vouloir unifier les anciens combattants du CNDD-FDD face à la possibilité d’un conflit régional", avance Nininahazwe sur sa page Facebook.

Malgré les divisions internes, les dirigeants du CNDD-FDD ont toujours montré une capacité à s’unir face à des menaces extérieures. "Les anciens combattants du parti savent mettre de côté leurs différends lorsque les intérêts nationaux ou régionaux sont en jeu", rappelle Nininahazwe. Une guerre potentielle pourrait donc temporairement repousser les luttes de pouvoir internes.

Un avenir incertain pour le CNDD-FDD ?

Nininahazwe, connu pour ses analyses percutantes, exprime cependant des réserves quant à la possibilité d’une véritable réconciliation. Sur sa page Facebook, il fait référence à l’histoire tumultueuse du CNDD-FDD, marquée par des fractures et des purges internes. "Chaque tentative de réconciliation dans le passé n’a été qu’un répit temporaire avant un nouvel affrontement", écrit-il, citant les exemples de Jean Bosco Ndayikengurukiye et Hussein Radjabu.

Selon lui, cette réunion pourrait être avant tout une manière pour les différents camps de gagner du temps, en attendant le moment opportun pour reprendre la lutte de pouvoir. "Le CNDD-FDD ne se réconcilie jamais complètement. Chaque camp attend de prendre le dessus sur l’autre", ajoute-t-il, toujours sur sa page.

Le CNDD-FDD à la croisée des chemins

Alors que les élections de 2025 approchent à grands pas, le CNDD-FDD se trouve à un tournant de son histoire. Pacifique Nininahazwe, continue d’offrir ses analyses et de suivre de près l’évolution de la situation.

Son constat : cette réunion de Kibimba pourrait marquer un tournant décisif, mais elle pourrait aussi n’être qu’un répit temporaire avant des affrontements internes inévitables. Seul le temps dira si les efforts de réconciliation du président Ndayishimiye porteront leurs fruits ou si le CNDD-FDD est voué à une nouvelle crise.

#FocodeMagazine | Par Gordien Niyungeko