Clément Nkurunziza : le bouc émissaire idéal

La Ministre de la Justice, Mme Domine Banyankimbona, s’est contenté de dénoncer, devant le Sénat, la saturation de la population carcérale comme une fatalité. Comme si elle n’y était pour rien et n’y pouvait rien. Comme si elle s’exprimait au nom d’une organisation de la société civile qui lutte pour le respect des droits humains au Burundi et pour le respect des droits des détenus en particulier. Comme si Mme Domine Banyankimbona ne se sentait nullement coupable de complicité active dans ces crimes de privations de liberté et d’incarcérations massives et arbitraires de citoyens innocents burundais et maintenant rwandais depuis peu.

En particulier, la Ministre de la Justice s’est déclarée impuissante pour ordonner la libération de Clément Nkurunziza. Les faits et dates suivantes lui rafraîchiront peut-être la mémoire ! Pour rappel, les Etats Unis ont refusé le droit d’asile à Clément Nkurunziza. Les services de l’immigration de Dallas ont estimé que sa crainte de subir la persécution à son retour au Burundi n’était qu’une simple fiction.

Ainsi, la police de l’État du Texas l’a livré au gouvernement burundais le 22 mars 2018. Clément Nkurunziza a été arrêté à sa descente d’avion à Bujumbura. M.Alain Guillaume Bunyoni, alors Ministre de la Sécurité, a donné instruction à M.André Ndayambaje, alors Inspecteur Général de Police d’emprisonner Clément Nkurunziza dans un cachot de la Police Judiciaire des Parquets (PJP). Kazungu, un officier redouté du Service National des Renseignement, est venu à 14:00 le récupérer du cachot de la PJP afin de le séquestrer dans un cachot du SNR où il est resté jusqu’au 5 Avril 2018.

Retournement spectaculaire et inattendu du sort d’Alain Guillaume Bunyoni ! Le voici jouant le rôle de l’arroseur arrosé à la prison de Gitega ! Il subit à présent le sort infligé à Clément Nkurunziza par le gouvernement burundais mais pas pour les mêmes raisons. Car il lui est reproché d’avoir voulu destituer César, le Général Neva et prendre sa place. Alors que Clément Nkurunziza clame son innocence depuis le début de son incarcération.

Et pourtant, avant sa chute brutale, Alain Guillaume Bunyoni constituait un des piliers du régime DD. Lui aussi se prenait pour un pasteur illuminé. Lui aussi prêchait la bonne parole du Dieu mis en avant par le régime DD. Décidément, personne n’est prophète chez soi ! Pour rappel aussi. Clément Nkurunziza, accusé sans preuves d’avoir organisé le massacre d’étudiants Hutu sur le campus Mutanga au cours de la nuit tragique du 11 au 12 juin 1995, a été condamné à la peine de prison à vie après un premier procès. Il a interjeté appel sans succès et vient de passer six ans de détention absolument arbitraire.

La Ministre de la Justice, Mme Domine Banyankimbona, soutient la détention à vie sans jugement de Clément Nkurunziza. Un déni de justice flagrant pour faire plaisir sans doute aux revanchards membres influents de l’association Zirikana UB-95. Celle-ci regroupe d’anciens étudiants Hutu, dont Evariste Ndayishimiye, qui ont échappé au pogrom de Mutanga au cours de la nuit fatidique du 11 au 12 Juin 1995 et qui sont actuellement très influents dans les institutions du Burundi !

Cependant, des informations capitales révélées par des sources judiciaires au sein du Ministère de la Justice de Mme Domine Banyankimbona et parvenues au Comité international de soutien à Clément Nkurunziza dont le siège se trouve aux USA, accusent deux personnalités Tutsi membres du CNDD-FDD. Ces personnalités auraient joué un rôle majeur dans le blocage de son dossier judiciaire alors qu’elles figureraient aussi dans le dossier judiciaire concernant le procès intenté à Clément Nkurunziza. Car ces personnalités étaient membres du Comité Directeur de l’ASSER qui a succédé à celui où Clément Nkurunziza exerçait le mandat de Président.

C’est donc le Comité Directeur dont ces deux personnalités étaient membres qui aurait déclenché, notamment, une investigation sur un étudiant, Alexis Ndayisaba, alias Malaria. Ce dernier aurait été accusé d’avoir participé, au Collège du Saint Esprit dans la journée du 11.06.1995, à une rixe violente opposant des membres de Génération Démocratique du Burundi (GEDEBU) aux Sans Échec. Alexis Ndayisaba, un étudiant Hutu natif de Kiroba à Matana, a été assassiné dans la soirée du 11 juin 1995 par des étudiants Tutsi qui l’ont retiré de la salle où il subissait un interrogatoire organisé par les membres du Comité Directeur de l’Association des Étudiants de Rumuri (ASSER). M.Claire Gasubije et M.Anicet Mahoro en étaient membres et étaient présents dans cette séance.

Selon les mêmes sources au sein du Ministère de la Justice au Burundi, d’anciens camarades de l’université, révoltés par l’injustice dont Clément Nkurunziza est victime, auraient dénoncé ces deux personnalités qu’ils accusent d’avoir été impliquées directement dans la planification et l’organisation des massacres des étudiants Hutu au cours de la nuit du 11 au 12 juin 1995. Pourtant, ces deux personnalités n’ont jamais été inquiétées par la justice et ont été laissées en liberté. Alors que Clément Nkurunziza, qui a toujours clamé son innocence, est incarcéré depuis six ans. Deux poids, deux mesures insupportables !

M.Claire Gasubije est patron de la Banque de Gestion et de Financement (BGF) et M.Anicet Mahoro est membre du parti UPRONA Nyakuri dirigé par M.Gaston Sindimwo, ancien Vice-président de la République sous le règne de Pierre Nkurunziza.
M.Anicet Mahoro aurait été impliqué, par ailleurs, dans le dossier de la spoliation de la propriété de la famille Sebatutsi se trouvant à Nyabugete au sud de Bujumbura et qui a longtemps défrayé la chronique au Burundi avant d’être restituée à la famille par une cour de justice de l’EAC à Arusha.

Pour se protéger, cacher leur responsabilité présumée dans ces crimes, accabler Clément Nkurunziza et le maintenir en détention à vie, MM.Claire Gasubije et Anicet Mahoro auraient payé des sommes conséquentes d’argent à trois autres personnalités. En retour, les bénéficiaires de ces généreux pots de vin auraient bloqué le dossier judiciaire de Clément Nkurunziza et maintenu les accusations infondées contre lui. Tout en lui refusant un procès équitable cela va de soi.

Les trois personnalités citées par des sources crédibles au sein du Ministère de la Justice seraient Mme Laurentine Kanyana, ancienne Ministre de la Justice précisément, M. Sylvestre Nyandwi, ancien Procureur Général de la République et M. Théoneste Niyongabire, actuel Substitut du Procureur Général. Le dossier judiciaire de Clément Nkurunziza serait placé sous le coude de ce dernier !

Par ailleurs, le Comité international de soutien à Clément Nkurunziza a appris, avec regret, que M.Firmin Ndimira, Recteur de l’Université Nationale à l’époque de l’extrême tension entre étudiants sur le campus Mutanga et qui a abouti au massacre des étudiants Hutu mentionné plus haut, ne prendra probablement aucun risque pour témoigner publiquement du travail extraordinaire que lui-même et Clément Nkurunziza ont accompli ensemble pour calmer la tension et éviter l’irréparable.

L’ancien Premier Ministre ne souhaiterait pas témoigner en faveur de Clément Nkurunziza, ancien Président de l’ASSER, parce qu’il accomplit actuellement une mission de Consultant extrêmement bien rémunérée auprès du Ministère des Finances. Il aurait peut-être peur de fâcher le régime DD qui rémunère si bien ses indéniables compétences.

Cependant, le Comité international de soutien à Clément Nkurunziza ne désespère pas qu’un jour, M.Firmin Ndimira, qui a joué un rôle très positif dans cette période de grave crise, se décidera de dire la vérité des faits qu’il connaît et d’inviter le Ministère de la Justice à libérer Clément Nkurunziza. Car celui-ci clame son innocence depuis sa déportation des Etats-Unis et de son arrestation à la décente de l’avion.

Tout en reconnaissant l’importance de la présomption d’innocence comme un droit imprescriptible pour toute personne, le Comité international de soutien à Clément Nkurunziza a décidé de rendre publiques ces accusations extrêmement graves. Car, Clément Nkurunziza a frôlé la mort. Il recouvre difficilement d’une tentative présumée d’empoisonnement.

Pendant tout le mois de décembre 2023, sa santé a décliné progressivement. Très affaibli, il ne mangeait plus et ne buvait plus que du lait. Le 09.01.2024, l’administration pénitentiaire de Ngozi a accepté qu’il soit admis à l’hôpital de cette ville où il est resté pendant 40 jours dans une chambre individuelle qu’il devra payer d’ailleurs. Il y était soigné pour de la malaria et de la typhoïde. En même temps, grâce à des personnes bienveillantes qui voulaient sauver sa vie vraiment en danger, il a pu recevoir un traitement anti-poison administré par une personne extérieure à l’hôpital de Ngozi.

Le 31.01.2024, Clément Nkurunziza a été conduit à Kira Hospital à Bujumbura pour consulter un neurologue car il éprouvait des douleurs insupportables dans une jambe dont il ne pouvait plus se servir pour marcher. Il ne se déplaçait plus qu’en chaise roulante. Le spécialiste de Kira Hospital lui a diagnostiqué une sciatique.
Il souffrait de douleurs intenses provoquées par le nerf sciatique affecté par son état de faiblesse généralisée qui le clouait au lit depuis deux mois. Le neurologue a prescrit 20 séances de kinésithérapie à Clément Nkurunziza qui, dans la journée du 31.01.2024, a fait un aller-retour Ngozi-Bujumbura dans un véhicule de l’Hôpital de Ngozi.

Cependant, la bienveillance de l’administration pénitentiaire de Ngozi n’a pas duré longtemps. Après cinq séances de kinésithérapie seulement, elle a forcé Clément Nkurunziza à quitter précipitamment l’hôpital de nuit et à regagner la prison. Car, estimait-elle, il pourrait profiter de son séjour prolongé à l’hôpital pour préparer une évasion. A l’hôpital de Ngozi, les témoins de son retour forcé en prison et de nuit ont eu très peur qu’il ne soit liquidé pendant le transfert. Selon les services de l’hôpital de Ngozi, Clément Nkurunziza aurait perdu 12 kilos depuis le début de ses graves ennuis de santé consécutifs à son empoisonnement présumé.

Le Comité international de soutien à Clément Nkurunziza estime à présent que si la Ministre de la Justice, Mme Domine Banyankimbona, souhaitait vraiment prouver qu’elle n’est pas complice du déni de justice dont Clément Nkurunziza est victime et voulait vraiment le protéger d’une éventuelle élimination physique par les personnes qui en ont fait un bouc émissaire, elle devrait d’urgence se saisir de ce dossier accablant. Elle éviterait d’en rendre compte ultérieurement devant la justice si le pire arrivait et si Clément Nkurunziza devenait un martyr du régime DD !

La Ministre de la Justice, Mme Domine Banyankimbona ne pourra plus utiliser le bouclier de protection que brandissent les responsables à tous les niveaux de la chaîne politique, militaire et administrative dans le régime DD. Effectivement, depuis César, le Général Neva, jusqu’au plus bas de l’échelon de l’État, tous les responsables DD se déresponsabilisent grâce à leur théologie perverse qui les protège de tout remord et de toute obligation de rendre compte au peuple et à la justice. Puisque le régime DD « a mis Dieu en avant », alors tous les crimes sont permis.

Ainsi donc, le régime DD, prédateur patenté des droits humains au Burundi, peut sévir en toute impunité grâce à l’immunité qu’il s’octroie généreusement. En effet, il estime qu’il n’a de comptes à rendre qu’à Dieu absent et impuissant. Puisqu’il l’a enfermé à double tour dans un article de la constitution du Burundi ! Une enivrante et navrante fiction DD !

Par Athanase Karayenga