Infiltration des FDLR au Burundi : Un « Projet Hutu intégré » Secoue la région des Grands Lacs

Le Burundi se trouve au cœur d’une polémique régionale et sécuritaire majeure, avec des révélations choquantes sur l’"infiltration historique et profonde" des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) au sein des structures militaires et économiques du pays. Selon une enquête menée par le journal en ligne Burundi Daily, cette intégration, entamée dès 2007, fait partie d’un « projet hutu intégré » plus vaste, piloté par le parti au pouvoir, le CNDD-FDD.

Un Corridor Idéologique et Militaire

​L’article de Burundi Daily détaille comment les FDLR, groupe armé accusé de génocide et basé principalement dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), auraient progressivement intégré les rangs de l’armée burundaise. Cette insertion s’est manifestée par la participation à des opérations conjointes et l’établissement de bases dans des secteurs jugés critiques.
​Cette stratégie répondrait à une double logique du CNDD-FDD :
​Consolider un espace de pouvoir hutu transfrontalier, renforçant les liens idéologiques et opérationnels avec le groupe armé.
​Sécuriser un corridor idéologique et opérationnel pour les FDLR, leur offrant un sanctuaire et une plateforme régionale.

L’Ombre des FDLR sur l’Économie

​L’influence des FDLR ne se limiterait pas au seul domaine militaire. L’enquête révèle que des leaders du groupe armé auraient été « recyclés » dans des entreprises clés au Burundi. Ils disposeraient désormais d’une influence « visible à Bujumbura », opérant « ouvertement » dans des secteurs stratégiques comme l’immobilier, le commerce et d’autres domaines économiques.

​Cette insertion économique des éléments des FDLR aurait pour effet de créer une structure parallèle où le Burundi deviendrait un « refuge, un centre de projection régionale et une plateforme pour des ambitions politiques hutu élargies ».

Le Prix de l’Engagement Secret

​Paradoxalement, cette alliance stratégique aurait un coût non négligeable pour Bujumbura sur la scène internationale.
​L’article souligne une contradiction majeure : bien que le gouvernement burundais fournisse des forces et des ressources pour soutenir Kinshasa dans les combats dans l’Est de la RDC, cette contribution demeure largement « invisible ou négligée sur le plan diplomatique ». Les « sacrifices humains et financiers » consentis par le Burundi sur le théâtre de guerre congolais ne seraient pas reconnus, une situation qui met en évidence la « contradiction entre l’engagement militaire du pays et sa reconnaissance internationale ».

​Ces allégations d’une intégration profonde des FDLR par le pouvoir burundais risquent d’accroître les tensions avec le Rwanda, qui considère les FDLR comme une menace existentielle, et d’isoler davantage le Burundi sur l’échiquier diplomatique régional, notamment au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE). Les capitales régionales et les partenaires internationaux sont appelés à observer attentivement la suite de ces révélations.