Neuvième anniversaire des massacres de 2015 au Burundi : des organisations de la société civile indépendante lancent lancent un appel à la justice et à la vérité.

Dans leur déclaration, les 19 organisations soulignent la nécessité d’en finir avec l’impunité qui continue de régner dans le pays. Pour elles, les événements du 11 et 12 décembre 2015, marqués par une répression violente des opposants au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, ont laissé derrière eux des centaines de victimes et une douleur qui ne se dissipe pas.

D’après ces organisations, le 11 décembre 2015, après une série d’attaques menées par des groupes armés non identifiés contre des casernes militaires à Bujumbura, les forces de sécurité burundaises, en collaboration avec la milice Imbonerakure, ont intensifié leurs actions contre les quartiers perçus comme hostiles au gouvernement. Le lendemain, dans la matinée du 12 décembre, des centaines de civils, principalement issus des quartiers de Musaga, Ngagara, Jabe, Nyakabiga et Mutakura, ont été tués dans des conditions atroces. Les victimes, dont beaucoup étaient liées à l’opposition politique, ont été exécutées sommairement, souvent les mains liées derrière le dos, et leurs corps abandonnés dans les rues de la capitale.

Cette répression aveugle, caractéristique d’une tentative de réduire au silence toute forme de contestation, a été rapidement minimisée par les autorités militaires, qui ont évoqué un faible bilan de 90 victimes parmi les assaillants. Toutefois, des preuves matérielles et des témoignages ont révélé l’ampleur réelle du massacre, estimée à plus de 300 morts.

Un appel à la justice et à la réconciliation

Neuf ans après ces massacres, elles estiment que la situation reste marquée par l’impunité. Aucune enquête crédible n’a été menée pour identifier les responsables des crimes ni pour poursuivre ceux qui ont orchestré ces exactions. La justice burundaise, largement perçue comme instrumentalisée par le pouvoir en place, n’a pas permis aux victimes de retrouver la vérité ni d’obtenir réparation. Les images satellitaires et autres preuves, souvent mises à disposition par des organisations internationales comme Amnesty International, n’ont pas été exploitées par les autorités burundaises, qui semblent protéger les responsables de ces atrocités.

Dans ce contexte, les organisations de la société civile se sont de nouveau exprimées en hommage aux victimes. Elles ont réaffirmé leur engagement à poursuivre le combat pour la justice, soulignant que ces crimes ne doivent pas tomber dans l’oubli. Leur combat ne s’arrête pas aux frontières du Burundi, elles réclament également l’intervention de la communauté internationale pour faire pression sur le régime en place.

Les signataires de la déclaration ont formulé plusieurs recommandations destinées à mettre fin à l’impunité et à garantir que les responsables de ces crimes soient traduits en justice. Parmi ces recommandations, l’appel à une enquête indépendante sur les massacres de 2015 figure en tête. Les organisations demandent au gouvernement burundais de rompre avec la culture de l’impunité et d’ouvrir des enquêtes transparentes sur les crimes commis.

Dans le même temps, les organisations appellent la Cour Pénale Internationale (CPI) à intensifier ses investigations et à délivrer des mandats d’arrêt internationaux contre les auteurs de ces exactions. Elles demandent aussi à la communauté internationale, notamment l’Union Européenne, les États-Unis et les Nations Unies, de continuer à suivre de près l’évolution du pays, en particulier à l’approche des élections prévues, afin de prévenir toute dérive autoritaire et répressive.

Un espoir de réconciliation et de justice

Si l’impunité continue de gangrener le système judiciaire burundais, les organisations signataires assurent qu’elles ne baisseront pas les bras. Leur message reste le même : la justice doit triompher. Elles se disent prêtes à soutenir les victimes dans leur quête de justice réparatrice, dans l’espoir que cela favorisera un jour une véritable réconciliation entre les Burundais.

Les organisations de la société civile signataires de la déclaration insistent sur l’importance de la solidarité entre les Burundais et avec la communauté internationale pour que les victimes soient honorées, et que la justice soit rendue. La lutte pour la vérité et contre l’impunité reste une priorité absolue.
Parmi ces organisations signataires il y a Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture au Burundi (ACAT Burundi), Association des Journalistes Burundais en Exil (AJBE), Association burundaise pour la protection des droits de l’homme et des personnes détenues (APRODH), Coalition Burundaise des Défenseurs des Droits de l’Homme (CBDDH) et d’autres organisations nationales impliquées dans la défense des droits humains.