. “Vendues et violées” : les révélations accablantes sur le calvaire des femmes détenues à Mpimba

À la prison centrale de Mpimba de Bujumbura, des femmes détenues tirent la sonnette d’alarme. Elles accusent deux hauts responsables de l’établissement, le directeur de la prison Bayubahe Frédéric et le capitaine général Mbanyi Daniel, chargé des prisonniers hommes, de s’être rendus coupables d’actes graves d’abus sexuels, d’extorsion et de corruption à leur encontre.

Selon plusieurs témoignages recueillis à l’intérieur de la prison, le capitaine Mbanyi, qui n’a pourtant autorité que sur les détenus masculins, s’impose également dans le quartier des femmes, usurpant le pouvoir de la responsable féminine.

Les détenues affirment que depuis plusieurs mois, des femmes sont contraintes à des rapports sexuels sous la menace, parfois à raison de dix par jour. Ces agressions seraient organisées par Mbanyi Daniel avec la complicité du directeur Bayubahe Frédéric. Après ces actes, chaque victime recevrait 500 000 francs burundais en guise de “compensation”, une somme présentée comme une forme d’achat du silence. Les abus se dérouleraient dans un pavillon situé à proximité du bureau principal du directeur.

Plusieurs sources internes rapportent que les responsables concernés exigent ensuite une part de cet argent, qualifiant la situation d’un véritable “commerce des femmes” à l’intérieur de la prison.

Toujours selon ces témoignages, Nyenyeri Violette, présentée comme la compagne du capitaine Mbanyi, aurait été nommée responsable de la sécurité du quartier des femmes afin de faciliter ces activités illégales.

Outre les violences sexuelles, les détenues dénoncent de nouvelles formes d’extorsion. Celles-ci seraient désormais contraintes de payer 400 000 francs burundais pour conserver leur place de couchage, bien qu’elles aient déjà versé cette somme lors de leur admission. Celles qui refusent ou ne peuvent pas payer seraient punies en étant envoyées dans une cellule surnommée “Kirongozi”, où elles subissent des traitements humiliants et dégradants — une pratique que les prisonnières appellent “gutimburura”.

Les plaignantes affirment également que seule Violette a obtenu le monopole du commerce du sucre à l’intérieur de la prison. Les détenus n’ont plus le droit de recevoir du sucre de l’extérieur et sont forcés de lui en acheter. Elle aurait obtenu l’autorisation d’en introduire jusqu’à 10 kilos par jour, avec le soutien de Mbanyi Daniel et du directeur Bayubahe.

Les prisonnières appellent le ministère de la Justice, la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH) et les organisations de défense des droits humains à intervenir d’urgence.

> “Nous n’avons plus à qui nous adresser, car ceux qui devraient nous protéger sont les premiers à nous humilier”, déplorent plusieurs détenues.

Actuellement, la prison centrale de Mpimba compte 322 femmes détenues, alors que sa capacité initiale n’est que de 100 places. Le quartier des hommes héberge pour sa part plus de 5 000 détenus, bien au-delà des 800 places prévues lors de la construction de la prison.

Face à cette situation alarmante, les appels se multiplient pour qu’une enquête indépendante soit ouverte et que les responsables répondent de leurs actes devant la justice.